Eh oui, encore. Parce que la rétrospective est sans doute l’élément le plus important des méthodes agiles Scrum ou Kanban. C’est le point de départ du processus d’amélioration continue. C’est un atelier qui se déroule en équipe, l’objectif est de passer en revue les points positifs et négatifs du dernier cycle de travail pour étudier les améliorations à apporter sur le processus. Il faut rester concentrer sur le processus de travail, lors de cet exercice on ne cherche pas à améliorer le produit que l’on construit mais la façon de le construire.

The important thing is not your process, the important thing is your process for improving your process.

Au bout d’une ou plusieurs années de méthode agile, les équipes s’essoufflent et il faut sans cesse renouveler l’exercice. Il est nécessaire de faire varier la forme des rétrospectives pour continuer à collecter des informations utiles, éclairer la situation sous des angles différents et susciter de nouvelles idées d’améliorations. Sur le fond les fondamentaux restent toujours les mêmes, si vous vous sentez un peu court sur ces fondamentaux (et si ce n’est déjà fait) vous conseille de lire : Agile Retrospectives – Making Good Teams Great.

Pour trouver des de nouvelles idées d’ateliers vous pouvez piocher dans le retrospective-wiki ou utiliser le Retromat qui regroupent un  grand nombre d’activités possibles.

En complément, je vous partage 5 « trucs » que j’ai pu expérimenter ici où là dans les équipes avec lesquelles je travaille.


1 – Tout va bien, changeons tout !

C’est à la fin d’un cycle positif que l’équipe aura le plus d’énergie, d’idées et d’envies pour s’améliorer. Donc contrairement à ce que l’on pourrait penser c’est quand tout va bien qu’il faut tout changer.

Le jour où les difficultés sont là, la prise de recul est beaucoup plus difficile et l’horizon semble beaucoup moins dégagé. Il faut traiter les problèmes en priorité et on se sent moins libre et créatif. Alors qu’avec la petite dose d’euphorie qu’on aura su éveiller par un petit rituel de célébration à la fin d’un sprint positif, on est prêt à tout !


2 – Une rétrospective terminée = 1 Story sur le tableau

Je vois souvent des équipes qui peinent à se tenir aux actions décidées en fin de rétro (quand il y a des actions décidées). Cet abandon progressif est très décourageant : « Pourquoi fait-on encore une rétrospective, ça ne sert à rien… »

Pour se contraindre à traiter le ou les points décidés ensemble en rétrospective, je vous invite vivement à essayer de les transformer en STORY pour pouvoir les mettre au menu du prochain sprint.

  • L’exercice de reformulation de l’action : « En tant que… je veux … pour… » permet de préciser le périmètre et l’objectif de l’action
  • En tant qu’item du backlog de sprint, Il y une estimation et du temps prévu pour cette action
  • Il y aura un suivi collectif de l’avancement de l’action lors du stand-up
  • La story fera partie de l’objectif du sprint

3 – Warm up : Un tour pour rien

Quand le contexte est tendu, il n’est pas rare de faire un tour de table juste pour partager les impressions de chacun sur le déroulement du sprint. L’objectif n’est pas réellement de collecter des informations mais plutôt de permettre à chacun de « poser ses valises ».

Nous ne sommes pas tous égaux devant la pression et parfois le rythme de l’équipe est assez soutenu en fin de cycle, il faut prendre un peu de temps écouter tout le monde sans nécessairement y mettre un objectif opérationnel précis. C’est l’occasion pour le « coach » de prendre la température de l’équipe. Chacun a la liberté de s’exprimer librement, de relâcher la pression avant d’attaquer un atelier de collecte d’informations qualitatives plus structuré et commencer à vraiment travailler sur les améliorations potentielles.


4 – Yet another retrospective tool

Dérivé des MAD/SAD/Glad, SOMOLO et autres grilles de collecte, je vous propose un atelier que je trouve assez efficace pour se concentrer sur les éléments vraiment importants. Il est inspiré des méthodes traditionnelles de gestion des risques.

Annoncez une rétrospective en 2 parties :

  • Premier tour de table : (ou tour de post-it) sur les résultats positifs du cycle et uniquement les aspects positifs => l’objectif passer un peu de temps sur la célébration des succès pour réduire la morosité (Warm up : un tour pour rien ? non pas forcément dans ce cas là 🙂 ). Partagez ces résultats puis passez à la suite.
  • Deuxième tour de post-it : Identifier tout ce qui n’a pas fonctionné dans le sprint ou tout ce qui pourrait aller mieux (5-7 minutes de travail individuel)

Une fois les post-its prêt à être partagés, pas avant, pour garder votre effet de surprise et éviter que le participants anticipent sur la réflexion à venir, dessinez la matrice suivante au mur :

retro

 

Il ne vous reste plus qu’à inviter chacun des participants à venir présenter ses post-its et à les coller dans la bonne case de la matrice (en accord avec l’ensemble de l’équipe). En une seule opération vous avez réussi une collecte et une priorisation des sujets à traiter ! Cette priorisation va vous permettre d’évacuer rapidement les sujets froids pour vous concentrer sur les sujets « objectivement » chauds, on ne perdra pas de temps sur des sujets sans importances.


5 – Dépaysement du dossier

Les rétrospectives qui se passent toujours aux mêmes endroits induisent une certaine routine, on se dit toujours un peu les mêmes choses, tout le monde s’installe à la même place, bref ça n’incite pas vraiment au changement.

Essayez donc de changer de lieu, vous verrez que c’est rafraîchissant, par exemple :

  • Sur la pelouse devant les bureaux quand il fait beau
  • Dans un bar ou en terrasse (Vraiment, je suis payé pour faire ça ?)
  • Ou juste en changeant de salle de réunion pour commencer